Ziggy à la place centrale

Ziggy déambule à la découverte des rues de cette cité. Elle observe avec étonnement les marchands qui garnissent leurs étales, il y avait tant d’objets, tant de choses étranges. Le regard flânant d’étales en échoppe, elle se perd un peu.
Cheminant par les ruelles, ses pas la guident à la place centrale ou elle s’arrête un instant, émerveillée par cette grande esplanade. Du regard elle cherche d’autres gobelins, ou tout autre rassemblement qui pourrait attiser sa curiosité.

Alors que Ziggy cherche de l'oeil quelque chose qui pourrait être intéressant, son regard croise, au centre de la place, une grande statue représentant un Orc.

Celui-ci se tenait droit, et regardait vers le ciel, piétinant ses ennemis. Sa hache sur l'épaule, son autre main occupée à écraser le crâne d'un de ses ennemis, il est représenté en héros.

Sur le piédestal de la statue, des mots sont gravés : "En mémoire de Shuuk, premier vrai chef Orc". Certains Orcs fixent la statue, ne semblant vouloir la quitter des yeux.

Des feux de joie sont dispersés aux quatre coins de la place, ces feux qui doivent faire trois fois la taille de Ziggy environ. La place devait être bien éclairée lorsque le Soleil n'était plus là pour le faire.

Des petits Orcs courraient ensemble, jouant certainement à un quelconque jeu, alors que certains adultes se tapaient joyeusement sur le crâne, dans l'indifférence du reste du monde.

Comme l'avait dit Le Patron, visiblement tous les Orcs n'étaient pas tout à fait civilisés.

Enfin, chose qui ne manqua pas d'attirer l'attention de Ziggy, un petit groupe d'Elfes Sylvestres s'étaient attroupés dans un recoin de la place, préférant rester loin de ces personnages.

Certains encapuchonnés, d'autres à visage découverts, ils semblaient se parler de choses sérieuses. Pour ceux qui avaient le visage découverts, Ziggy remarqua que ces Elfes étaient intégralement des femmes.

Elles étaient vêtues de longues tuniques qui recouvraient la totalité de leur corps, ne laissant apparaitre que des bottes en cuir, tout comme les gants.

Un arc et un carquois dans leur dos, il était impossible de savoir si elles possédaient quoi que ce soit d'autre sous leur tunique.

Du nombre de cinq, seul l'un des Elfes, encapuchonné, n'avait pas d'arc mais un bâton. Celui-ci semblait plus grand que les quatre autres. Peut-être était-ce le chef de la petite compagnie.

Au premier abord, Ziggy prend la statue pour Kray ! puis sourit de sa bêtise en lisant l’inscription. Puis, avec tout ce monde qui coure partout, elle se sent vite dépassée et préfère quitter le centre de la place en évitant de passer près des orques bagarreurs.
Elle remarque alors les elfes… Des elfes ! mais qui ne ressemblent pas à ceux qu’elle déteste. Serait-ce les elfes des légendes du clan ? ceux qui se sont liés d’amitiés avec son peuple ? Intriguée et poussée par sa curiosité maladive elle s’approche d’eux à petits pas en observant leurs vêtements.
Arrivée aux pieds de l’un d’eux, elle touche sa cape faite d’une étoffe fine et relève la tête pour questionner du regard l’elfe avant de prendre la parole naïvement.

- Vous êtes des elfes amis des gobelins ? vous êtes les elfes des légendes de mon peuple ?

Tenant toujours un bout de la cape entre ses doigts fins, elle reste campée au pied de cette elfe qui doit bien faire presque le double de sa taille.

A l'arrivée du gobelin, les Elfes se tournèrent vers elle, la fixant sans montrer une quelconque émotion. Lorsqu'elle agrippa la cape de l'une des Elfes, celle-ci la tira à son tour pour la faire lacher.

Le plus grand des Elfes s'approcha du gobelin, et se mit à sa taille en s'accroupissant.

Oui, on peut dire ça comme ça, nous sommes un peu comme des amis. Je ne connais pas ton peuple, je ne sais pas si nous sommes ceux dont vos légendes parlent... Mais depuis que la guerre a éclaté, nous sommes de ceux qui sont restés le plus alliés avec vous il est sûr.

Qui es-tu et que viens-tu faire ici, petit être ?

Les quatre autres Elfes s'étaient placés derrière celui qui s'était accroupi, qui finalement, au son de sa voix, laissait vivement penser qu'il était un homme.

Ziggy suit du regard l’elfe qui s’agenouille devant elle. Aux paroles de celui-ci, dont elle a du mal à déterminer le genre, elle répond par un sourire, comme soulagée. Puis elle prend la parole :

- On m’appelle Ziggy et je dois être la dernière survivante du clan de l’araignée blanche… ma tribu a été décimée voilà plusieurs lunes de cela.

Tendant le bras, elle pointe la direction approximative du nord.

- je viens des montagnes... et j’espérais retrouver des survivants ici.

Tout en parlant, elle observe les traits du visage de l’elfe avec curiosité.

- vous leurs ressemblez tellement…

L'Elfe se releva.

L'araignée blanche ? J'en ai entendu parler, on pensait qu'aucun d'entre vous n'avait survécu. Je ne suis pas sûr que vous pourrez retrouver des survivants, déjà que c'est une surprise d'en voir un...

Les gobelins ne vivent pas en masse ici de toute façon, il leur arrive bien trop de choses avec tous ces orcs. J'ai entendu dire que certains avaient même été écrasés à cause de la négligence de certains Orcs. Nous, les Elfes, ne venons pas souvent ici non plus, le comportement Orc nous est un peu... Inapproprié par rapport à l'éducation que nous avons eu.

En fait, des trois races alliées, nous nous entendons plutôt bien mais ne restons que rarement dans les capitales alliées. Et puis même, certaines tensions apparaissent parfois entre nous.

Enfin, déjà qu'ici il n'y a pas beaucoup de gobelins, si en plus vous cherchez des survivants de votre clan qui nous semblait totalement disparu... Je vous souhaite bonne chance.

Les paroles de l’elfe résonnent dans la tête de Ziggy comme un coup de tonnerre. Elle qui avait encore un faible espoir de retrouver des membres de sa tribu, voilà que toutes ses espérances étaient anéanties en quelques mots. Encore abasourdie elle ne peut dire quoi que se soit.

Au moment ou l’elfe se relève, craignant qu’il parte, elle prit rapidement la parole :

- Attendez !... attendez.. je.. je suis perdue ici ! vous pouvez me dire ou je pourrai trouver de mes semblables ? si ce n’est ici alors ou ? et puis je me sens inutile parmi ces brutes épaisses. Vous voulez pas m’emmener ? je sais faire griller des sauterelles comme personne et aussi tirer à l’arc, pis encore des tas de choses ! vous aurez surement besoin d’une futée comme moi !

Ziggy regarde l’elfe en hochant de la tête comme pour influencer sa décision, pour le forcer à dire oui.

L'Elfe sembla surpris de la demande du gobelin pour se joindre à eux. L'une des Elfes derrière lui sourit, alors qu'une autre ria doucement.

La tête de l'Elfe se renfrogna et jeta un regard aux Elfes, qui effacèrent leur sourire immédiatement. Cet Elfe semblait inspirer le respect chez ses consoeurs.

Hum... Vous joindre à nous ? Nous ne comptons pas rester ici, nous étions juste venus apporter un message à un Orc... Mais cela ne vous occupe pas.

Nous attendions juste que la caravane soit prête et nous repartions à Llandoras. Alors, si vous voulez vous joindre à nous, pourquoi pas, mais vous n'irez pas plus loin. Et je ne peux vous garantir l'accès à notre capitale, entrer dans nos forêts est déjà une grande chose.

Si vous nous accompagnez, vous n'aurez pas à nous faire griller des sauterelles, nous avons nos propres plats. *rires*.

A ce moment, un autre Elfe arriva, et chuchota à l'Elfe qui discutait avec Ziggy.

Bien, notre caravane est prête, si vous voulez venir, on vous y attend quelques minutes, le temps de se préparer pour le voyage. Si au bout de ces quelques minutes vous n'êtes pas là, nous partirons sans vous. A vous de choisir.

Puis le groupe se dirigea hors de la capitale...

Ziggy jette de brefs regards autour d’elle, cherchant un motif qui la retiendrait ici, ou qui la pousserait à partir. Les pensées et les doutes font la java dans sa tête. De plus en plus indécise, elle semble comme aux aguets et finit par regarder le groupe s’éloigner. Elle leur fait un signe amical d’au revoir et s’en retourne sur la place.
Un brin déçue, elle vagabonde, fait les cents pas sur la place et s’arrête finalement devant l’étale d’un marchand ambulant et le salue.

- B’jour, vous sauriez pas ou je peux trouver du travail ?

Ziggy s'approche du marchand, assis sur un tapid en train de ranger quelques vases en terre cuite. Lorsqu'elle s'arrête devant lui, il relève la tête et lui sourit, s'imaginant déjà une vente.

Il ravala son sourire dès que Ziggy lui demanda où elle pouvait trouver un travail.

Le marchand était une orque, avec de longs cheveux raides et en bataille, pas très propres. D'une noirceur profonde, et tressés, ils retombaient sur son épaule pour venir se nicher sur son thorax.
Ses yeux étaient également sombres, et semblaient transpercer Ziggy dès qu'elle posait son regard sur elle.
Malgré le fait que la marchande était assise à genoux, elle arrivait presque à la taille de la gobeline. Deux grosses canines remontaient jusqu'à la lèvre supérieure, et l'une des deux semblait cassée.
L'une de ses mains était bandée par un vieux bout de tissu à peine propre, alors que l'autre, qui laissait montrer à quelle point elle possédait de grands mains, permettait d'apercevoir de grands ongles sales, qui faisaient presque penser à des griffes.

Lorsqu'elle parla, sa voix rauque surprit Ziggy.

Un boulot ? Ouais, j'ai p'tet une idée...'Voyez, j'voudrais continuer à fabriquer des vases, mais j'ai besoin de glaise... J'ai un paquet qui m'attend au Troc et Marchandage ou quequ'chose comme ça... Tiens, prends ces 200 pièces, et va me le chercher, tu pourras garder le surplus.

Elle délaissa Ziggy après lui avoir jeté la bourse en cuir remplie de 200 pièces d'or, et se remit à ranger ses pots de terre.

Ziggy attrape la bourse, la soupèse et tente d’estimer s’il y a bien 200 pièces.

- Bien, j’vais vous chercher tous ça…

Pour ne pas montrer sa méconnaissance complète de la ville, Ziggy tourne les talons et se faufile parmi la foule jusqu'à être hors de vue du marchand. A ce moment, elle demande son chemin à d’autres marchands.

(suite au Troc et Marchandage)

Ziggy arrive à l’emplacement de la potière avec une mine déconfite et dépose délicatement le paquet pour ne pas le crever. Elle regarde la potière et lui dit simplement sans joie et sur un ton narquois :

- Voilà votre glaise habituelle, la meilleure… si vous avez envie d’entendre parler des malheurs qu’apportent la guerre, z’avez qu’a aller écouter ce marchand bien grassouillet, il semble savoir de quoi il parle !

Elle fait un signe de la main et se faufile dans la foule.